Poster Delphine SFGG 40 ans 23 25 nov 2020 V3 petit

 

La Médiation Animale et l'Éveil Sensoriel :
une multitude de choix d'actions
pour le maintien du consentement
dans la maladie d'Alzheimer ou apparentée

Ateliers de Médiation Animale et d’Eveil Sensoriel,
association « Etho-Logis », 33 Gironde

Auteur : Delphine DESCAMPS, sociologue qualifiée en éthologie

INTRODUCTIION :

Le concept de consentement fait référence aux notions de "libre choix" et de "démence" pouvant sembler aux premiers abords ne pas être compatibles. Certes, les pathologies cognitives induisent des symptômes comme des troubles de la mémoire, des altérations du jugement, de l'abstraction et de la compréhension influençant les capacités de décision des patients. Pour cela, la première étape consiste à adapter le discours présenté ainsi que l'explication de la situation aux capacités cognitives de compréhension de la personne concernée. Dans cette perspective, le code de déontologie médicale, la loi ainsi que les recommandations de bonnes pratiques dans le cadre de la bientraitance, la bienveillance et le prendre soin stipulent l'importance du consentement préalable nécessaire à toute prise de décision et choix concernant un patient. Dans le domaine du soin et du prendre soin, la notion de consentement soulève plusieurs questions dont une fondamentale : celle du Comment ? Comment parvenir à maintenir le consentement chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ou apparentée ?

METHODES :

Depuis douze ans, je conduis des Ateliers MAES. Ma démarche constitue une source permanente de choix d'actions de la part du bénéficiaire. Dans le cas d'une personne âgée atteinte de la maladie d'Alzheimer ou apparentée, il s'agit d'autant de possibilités de maintien de son "consentement libre et éclairé". En amont, la personne responsable du projet au sein de l'établissement sélectionne les potentiels bénéficiaires à partir de leur histoire de vie. Cependant, cette liste ainsi établie ne doit en rien représenter un engagement obligatoire de la part de la personne y figurant. En effet, je laisse toujours la participation libre. Bien entendu, au fil des séances, la prise en charge est adaptée en fonction de l'évolution des symptômes. Au cours de la séance, soit les personnes sont accueillies dans un espace commun ou au sein d'un lieu dédié à l'éveil sensoriel de type "Snoezelen" pour une activité groupale, soit nous nous installons dans leur chambre ou au sein de ce même lieu pour un moment privilégié en individuel. Dans ces deux cas de figure, le déroulement reste à peu près le même en terme d'organisation dans le sens où les différentes possibilités d'actions sont présentées en début de séance et peuvent être rappelées par la suite si besoin : le fait de caresser, de brosser, de proposer à manger, de discuter ou de jouer à travers la mise en place d'une relation zooludique permettant la reconstruction du "Je" par le jeu. Mais il n'y a aucune obligation à devoir toutes les effectuer ni même une fréquence ou une durée imposée. Tout échange est effectué sur le ton de la proposition de la suggestion. En fin de séance, il est toujours fait un récapitulatif des ressentis et émotions manifestés par la personne afin de se les remémorer et de les résumer. A partir de là, nous annonçons toujours la fin de la séance en demandant si la visite lui a fait plaisir et si elle accepterait de nous revoir. Nous sommes ici dans un consentement "a posteriori".

RESULTATS :

En adoptant une telle approche, nous parvenons à soulever le voile de la vulnérabilité installé par la maladie et ses symptômes. En adoptant une approche respectueuse, attentionnée, bienveillante et bientraitante, nous parvenons à diminuer très significativement les ressentis négatifs liés aux symptômes de la maladie ; certains pouvant même disparaître définitivement ou momentanément en fonction des situations. Ces résultats ont été obtenus à partir d'observations de terrain ayant donné lieu à l'élaboration d'éthogrammes, la rédaction de transmissions et la réalisation de Cartes d'Identité Sensorielles dans un contexte de supervision et d'analyse de la pratique. Nous reconnaissons glisser parfois en direction de la notion de "consentement assisté" lorsque nous soutenons la personne dans sa prise de décision mais nous mettrons toujours un point d'honneur à ne jamais tomber dans le "consentement substitué" consistant à décider à la place de la personne, en son nom mais sans même la concerter au préalable.

CONCLUSION :

En conclusion, il existe suffisamment de situations dans le cadre d'une prise en charge médicale plaçant le patient dans une position de "subir" pour ne pas imposer ce qui ne doit pas l'être en demeurant dans le domaine du libre arbitre. Cette dynamique contribue à l'augmentation de l'estime de soi, à la valorisation de sa responsabilité et au repositionnement de soi en tant que personne à part entière au sein d'une vie en collectivité au cœur de laquelle bien souvent les décisions sont prises soit "pour les patients", soit "à la place des patients" au lieu de l'être "par les patients"..

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